J’ai l’honneur de vous faire connaître que l’aménagement matériel du camp de concentration installé à Gurs (arrondissement d’Oloron) est en voie d’achèvement
et que l’installation des miliciens venant des Pyrénées-Orientales se poursuit à une cadence accélérée.
Déjà, depuis une huitaine de jours, 5.000 Basques sont hébergés dans ce camp.
Actuellement arrivent, chaque jour, près de 2.000 aviateurs et prochainement plusieurs milliers des membres des brigades internationales sont attendus.
Le total des miliciens internés dans ce camp atteindra prochainement le chiffre fixé par les autorités militaires : 20.000. »
Rapport du préfet des Basses-Pyrénées adressé au Ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut, le 20 avril 1939.
ainsi commence l’histoire,tristement célèbre, et honteuse pour la République Française du Camp de Gurs….
Le plus grand du sud de la France, le camp de Gurs est le témoin de la tourmente des années 1936 à 1945.
On choisit pour l’installation du camp une colline allongée, plate à son sommet, argileuse, dont l’utilité pour l’agriculture était pratiquement nulle : terres à maïs et landes à bovins. La construction débuta le 15 mars 1939 et n’était pas achevée à l’arrivée du premier groupe de réfugiés, le 4 avril de la même année.
Construit en 42 jours, de mars à avril 1939,
Le camp s’étendait sur 1400 mètres de long et 200 de large, couvrant une superficie de 28 hectares. Une seule rue le traversait sur sa longueur. De part et d’autre de celle-ci étaient délimitées des parcelles de 200 mètres de long et de 100 de large, appelés îlots, sept d’un côté et six de l’autre.
Les parcelles étaient séparées les unes des autres, et de la rue par des murets qui étaient doubles sur la partie extérieure, formant un chemin emprunté par les gardes.
pour interner:
- les combattants de l’armée républicaine espagnole vaincue par le franquisme au moment de la victoire allemande de juin 1940
- des « apatrides » allemands et autrichiens
- des « politiques » français, militants du parti communiste
- des juifs étrangers, internés en vertu des lois antisémites de Vichy
- des Tziganes
- etc…
il sera utilisé comme centre d’internement pour ces “indésirables” du régime de Vichy et deviendra l’une des bases de la déportation des juifs en France.
Le camp se composait de 428 baraques (4 blocs pour les femmes, et 9 pour les hommes).Les conditions de détention sont sévères : pas d’éclairage dans les baraques, eau sévèrement rationnée. Les internés ne pouvant faire une toilette convenable doivent lutter en permanence contre les poux, les punaises… et les rats.
Lorsqu’il pleut, les ruelles du camp se transforment en bourbier. Une alimentation insuffisante et mal équilibrée ajoutée au manque d’hygiène provoque des maladies et engendre un nombre important de névroses et de comportements obsessionnels.
Ce fut 3 907 personnes qui furent transférées vers Auschwitz.
La capacité d’hébergement (18500 individus) classait le camp de Gurs au troisième rang des agglomérations du département, après Pau et Bayonne.
pendant l’été 1939 les internés seront divisés en 4 groupes:
ilots A B C D les basques
ilot c
ilots E F les espagnols
ilots G H I J les brigades internationales
ilots K L M les aviateurs
ilot K
ilot L
ilot M
chaque camp possède sa structure propre,son chef, son vaguemestre, ses chefs d’ilots, ses chefs de baraques, etc…
Jusqu’à sa fermeture, le 31 décembre 1945, 60 559 personnes y seront internées.
Plus d’un millier y sont mortes.
le camp de gurs , prêt à être réceptionné par les autorités militaires se décomposait ainsi :
25 Avril 1939
Remise totale des installations à l’autorité militaire, sauf les travaux de parachèvement (sanitaire, réservoir, robinetterie de distribution d’eau) qui se poursuivent.
Programme réalisé… par les ponts et chaussées
428 baraques se décomposant comme suit :
372 baraques de Miliciens comprenant 13 infirmeries et 13 douches réparties dans 13 îlots
13 abris métalliques pour cuisines
45 baraques de troupes (y compris le Génie)
4 baraques pour le service de l’intendance
7 baraques ou bâtiments pour les services de Santé
2 hangars Bessonneaux [grands hangars type aérodrome servant de garages et d’ateliers de réparation automobile]
2 parloirs
1 poste de garde.
Sur 79 hectares s’alignent des baraques,toutes identiques, d’une capacité maximale de 60 détenus, mesurant 24 mètres de long par 6 mètres de large et 2,50 mètres de haut. Les baraquements sont répartis en treize îlots dont chacun porte l’une des treize premières lettres de l’alphabet.
La prison militaire de Paris occupe les îlots B et D.
L’îlot B du camp de Gurs : prison militaire de Paris repliée
L’îlot B compte une vingtaine de baraques et héberge les détenus dits « préventionnaires », à qui l’administration attribue le sigle IF pour Indésirables Français.
L’îlot D du camp de gurs: l’ilot des suspects
Quant à l’îlot D, il ne comporte que deux baraques (19 et 20) entourées de barbelés. C’est un camp dans le camp : l’îlot des suspects. Il reçoit la dénomination officielle de « centre de séjour surveillé ».
1940
Le camp de Gurs fut construit au printemps 1939 pour héberger les combattants républicains réfugiés d’Espagne.
En mai 1940, la plupart d’entre eux sont partis, mais arrivent les « indésirables » (des étrangers ayant fui le nazisme), dont beaucoup sont Juifs : environ 3 500 Espagnols ; plus de 9 700 Allemandes, Autrichiennes, Polonaises… ; enfin, plus de 1 300 Français, dont une bonne partie de communistes enfermés dans un premier temps au fort du Hâ à Bordeaux, en détention préventive.
la surveillance était effectuée par des troupes militaires françaises….
Au total, le camp abrita ainsi en 1939 et 1940, dans des conditions très précaires, des hommes, des femmes et des enfants de 54 nationalités différentes.
Quand, en mai-juin 1940, 9771 femmes « indésirables » entrent au camp, rien n’a été prévu pour répondre aux besoins élémentaires d’une telle population, féminine de surcroît.
29 05 1940
En octobre 1940, les autorités allemandes déportèrent 7 500 Juifs d’Allemagne du Sud-Ouest vers la zone non-occupée de la France. Les officiels de Vichy les internèrent immédiatement à Gurs.
Dans ce premier groupe, 1 710 Juifs furent finalement relâchés, 755 s’échappèrent, 1 940 purent émigrer, et 2 820 hommes furent enrôlés dans les bataillons de travail français.
Le 22 octobre 1940, 6.538 juifs originaires du Pays de Bade, du Palatinat et de la Sarre seront raflés,
seront regroupés au camp de Gurs avant d’être déportés.
Les juifs badois arrivent par convois successifs les 24 et 25 octobre.
Le 25 octobre 1940, des camions déversent à Gurs leur cargaison humaine de 6 538 Juifs.
1940
12 11 1940
18 11 1940
1941
A partir de l’été 1941, avec notamment l’arrivée des secours des organisations caritatives, les médecins seront moins démunis.
13 01 1941
14 01 1941
23 01 1941
1942
07 01 1942
20 04 1942
20 07 1942
A partir de 1942, partent de Gurs des convois de déportation….
1943
quelques cartes de l’hopital central de Gurs
lettres et récit à suivre…
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Merci beaucoup pour votre site très complet qui m’a été très utile pour mon propre travail.
N’oublions pas les camps français premier jalon vers les camps nazis !
Plasticienne engagée, j’ai réalisé une série de dessins intitulée « Enfant de parents» sur la présence des camps en France pendant la seconde guerre mondiale dont le camp de Gurs. C’est un sujet totalement méconnu, voire occulté par les français en général.
Une partie de cette série fut exposée en 2017 et j’espérerais cette exposition dans un lieu de mémoire.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/enfant-de-parents.html
Et aussi : https://1011-art.blogspot.fr/p/lettre.html