Les prisonniers ont le droit de correspondre avec leur famille (sans dire grand chose sur leurs conditions de vie car le courrier est contrôlé).
Ils peuvent aussi recevoir des lettres et des colis de France et, pendant les quatre années de guerre, des millions de paquets partent de la France vers l’Allemagne.
« La correspondance n’est autorisée qu’avec les prisonniers ayant fait connaître leur adresse officielle exacte et complète dans un camps définitif. »
les règles pour correspondre avec les prisonniers de guerre
Cette adresse parvient aux familles par le moyen d’une carte provenant:
1. du prisonnier lui-même
2. de l’Agence centrale des prisonniers de guerre (CICRA Genève)
3. de la Croix Rouge française.
Elle est généralement précédée de la mention :
« Vous pouvez écrire à l’adresse suivante ».
Dans un premier temps, on trouvait dans tous les bureaux de poste en France des cartes de correspondance vendues 5 c et dans les camps des lettres formulaires pour les prisonniers.
Lorsque les premières lettres arrivent enfin (en décembre 40, elles mettront encore de 15 à 40 jours pour aller de France en Allemagne) elles se bornent à donner des nouvelles familiales, en application des règles des censures allemande et française.
Mais ce sont celles-là qu’on attend en priorité et avec impatience.
….« J’ai reçu ma première carte le 11 octobre 40… de ma femme, et j’étais en Allemagne depuis le 15 juin….
Elle était sans nouvelles de moi; évidemment … »
On pouvait répondre, enfin, et rassurer ses proches de son sort, mais aussi s’assurer de la santé des siens.
En retour de courrier reçu, le P.G. écrit lui aussi tout ce qu’il a à dire dans l’espace restreint de deux lettres-formulaires auxquelles il a droit chaque mois.
Un courrier réglementé : des lettres de vingt cinq lignes ou des cartes de sept lignes (deux par mois, généralement de chaque catégorie).
Les lettres qu’on écrit et celles qu’on reçoit doivent donc être condensées au maximum .
« Juste ce petit morceau de papier blanc administratif pour servir de lien vital avec les siens ; pour leur faire connaître un peu de son existence, de ses pensées. » Comment dire en si peu de mots tout ce qu’on désirerait faire connaître de part et d’autre ?
à partir du 1er janvier 1941, lettres et cartes destinées aux KG durent être écrites sur des formulaires spéciaux qui seront envoyés par le prisonnier lui-même.
S’ils ne sont pas conformes, ils sont retournés à l’expéditeur….
ces nouveaux formulaires étaient semblables à ceux précédemment utilisés, mais comportaient une partie détachable à l’usage des familles:
1.Rückantwortbrief, ou lettre réponse
2.Antworte-Postkarte, ou carte réponse
Ces correspondances sont majoritairement écrites au crayon, l’encre ayant été interdite pour éviter son usage à la fabrication de faux tampons.
Mentions portées sur les correspondances :
1.besetztes gebiet, territoire occupé
2.geprüft : vérifié, testé, vu (par la censure)
3.gebührenfrei : sans frais (franchise de port).
pour les colis, la procédure est identique,
il en était de même, quand le prisonnier était transféré dans un autre camp.
le courrier ne respectant pas les consignes est retourné, sauf cas spéciaux…
mention inadmis
certains prisonniers, du fait de leur statut, ou ayant « » rendu des services » » peut obtenir du commandant du camp, l’octroi d’une correspondance supplémentaire celle ci étant l’objet d’une marque bien spécifique:
zusatz post
a suivre…
Bonjour, Je suis en train de retranscrire les notes que mon père a écrites durant la période 1939-1942, y compris pendant la période où il était prisonnier de guerre au stalag XVIIIA à Wolfsberg en Autriche. Votre article explique très bien la manière dont était traité le courrier, et en particulier le fait que « à partir du 1er janvier 1941, lettres et cartes destinées aux KG durent être écrites sur des formulaires spéciaux qui seront envoyés par le prisonnier lui-même ». Les notes de mon père reflètent bien cela, en cela qu’il se réjouit d’avoir du papier pour écrire, mais attend les « étiquettes ».
A un moment il écrit : « Reçu étiquettes : 1 rouge, 1 bleue « . Pouvez-vous me dire quelle était la signification des couleurs de ces « étiquettes ».
Merci
Bonjour,
J’ai retrouvé une partie de la correspondance avec ses parents de mon père prisonnier au stalag 5 c, puis 5 a de 1940 à 1945 ; au sujet des étiquettes : la bleue est celle destinée aux colis de nourriture et la rouge aux colis de vêtements, le prisonnier recevait ces étiquettes au sein de son camp et il les envoyait à sa famille quand il avait besoin de quelque chose en leur demandant de les coller sur les colis.
Dans ces lettres, j’ai découvert plein d’informations, comme par exemple un « codage » pour parler de l’état allemand et de la guerre : mon père demande des nouvelles de son « demi-frère » et en donne quand il en a; par exemple : il y a eu un feu d’artifice sur la ville voisine (bombardement), etc..
Mon père n’est plus parmi nous depuis 1987 et j’ai moi-même 66 ans, je regrette seulement de ne pas avoir trié tous ces documents de son vivant, mais maintenant je le fait avec grand plaisir et constitue différents classeurs qui seront destinés aux futures générations.
CDL